Qu’est-ce que la perversion narcissique (ou psychopathique) ?

Le fonctionnement normal des êtres humains

Tout d’abord, faisons le point sur le fonctionnement normal des êtres humains.

Il est dans la nature humaine de vouloir « jouer » et « faire jouer » des scénarios à d’autres personnes. La pensée humaine est par essence narrative et la vie sociale, un théâtre inconscient.

C’est le cas, par exemple, lorsque vous invitez des amis à dîner. Vous leur faites alors jouer un scénario socialement écrit d’avance, « le repas d’amis heureux ». Vous espérez que tout le monde jouera son rôle à la perfection (plaisir de manger et de boire, conversations légères, rires, etc.).

Dans ce « jeu » inconscient, vous essayez de faire participer à ce « jeu » les personnes qui vous semblent prendre du plaisir. Dit autrement, vous invitez des gens que vous pensez heureux d’être là, car vous imaginez qu’ils vont éprouver du plaisir.

Tout ceci est bien normal et courant.

Les actes à tendance perverse

La perversion commence quand l’une des personnes que vous voulez faire jouer un « jeu », au sens social du terme, n’y prend aucun plaisir ou qu’elle souffre de le « jouer ». Et que vous refusez de voir ce mal-être et cette souffrance, que vous n’en tenez pas compte, parce que votre plaisir de la faire jouer à ce « jeu » vous procure tellement de satisfaction que l’autre disparaît. Il devient un simple objet.

Pour qu’un acte puisse être considéré comme étant à « tendance perverse », il est également nécessaire que vous soyez capable d’utiliser certains moyens (intimidation, pression, manipulation) pour contraindre l’autre à jouer à ce « jeu », dont vous savez qu’il n’y prend pas plaisir. C’est la raison pour laquelle la perversion est plus présente chez les personnes qui ont du pouvoir.

C’est le cas, par exemple, quand dans un couple, un des partenaires utilise la menace ou le chantage affectif pour contraindre son partenaire à faire certaines choses, comme s’habiller d’une certaine façon ou participer à certaines activités, alors que cette personne n’y prend aucun plaisir, voire en souffre.

La perversion narcissique (ou psychopathique)

C’est le cas extrême que l’on retrouve dans les viols de Mazan. Dominique Pélicot  inflige à sa femme un rapport sexuel non consenti avec des hommes qu’il fait venir chez lui et qui endossent à leur tour le rôle de violeur. 

Pour pouvoir faire jouer son « scénario », il est prêt à tout : soumission chimique et manipulation mentale. Il se moque des conséquences et de la souffrance qui en découlera, notamment pour sa femme. Dominique Pélicot est un psychopathe, dans le sens où il n’éprouve rien de ce que peuvent ressentir les acteurs de son jeu pervers. Ce qui compte, c’est uniquement le plaisir qu’il en tire.

L’autre devient un simple objet, un outil de réalisation de ses fantasmes.

C’est la raison pour laquelle la souffrance chez les victimes de ces comportements est aussi profonde. Il y a le traumatisme de l’acte, mais aussi le traumatisme, peut-être plus grand encore, d’avoir vu sa dignité d’être humain totalement effacée et d’avoir été réduit au stade d’un objet.

J’espère que cet article vous aidera à mieux comprendre cette notion et à corriger les propos que vous pourrez entendre sur ce sujet épineux, afin de désigner par les bons termes les situations et d’en appréhender mieux les conséquences.

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Auteur : Dr Emeric Lebreton, cofondateur et PDG du groupe ORIENTACTION (14/10/2024)

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