Dans notre société, il n’est pas rare de croiser des individus constamment en proie à la colère. Ces personnes semblent incapables de se détacher de cette émotion intense, réagissant avec irritation ou rage face à diverses situations. Un simple regard de travers leur donne envie de se battre, un caissier trop lent à les servir provoque leur courroux, la lecture des actualités leur permet de faire éclater leur colère face aux mauvaises décisions de leurs gouvernants, etc.
Si la colère est une réaction émotionnelle normale, qu’elle est souvent utile et mobilisatrice − comme je le rappelle souvent dans mes formations sur la gestion des émotions « La colère est l’émotion de l’action » − on peut raisonnablement se demander pourquoi ces personnes éprouvent avec une fréquence aussi régulière et une intensité aussi élevée cette émotion ?
1. Intéressons-nous d’abord aux mécanismes biologiques de la colère
La colère, comme d’autres émotions, est régulée par des processus biologiques complexes. Lorsqu’une personne se met en colère, son corps libère plusieurs hormones et neurotransmetteurs, notamment l’adrénaline et la noradrénaline. Ces substances chimiques provoquent une augmentation de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle et de l’énergie, préparant le corps à une réponse de « combat ou de fuite ».
Ces substances provoquent et maintiennent un niveau d’excitation physique élevé. Ce sont de puissants stimulants.
La dopamine, un neurotransmetteur associé au plaisir et à la récompense, joue également un rôle dans la colère. Plusieurs études scientifiques en référence de cet article ont notamment démontré que des niveaux élevés de dopamine peuvent être libérés lors de réponses agressives, procurant un sentiment de satisfaction ou de récompense, ce qui peut expliquer pourquoi certaines personnes trouvent gratifiant de s’exprimer avec colère.
2. La colère peut-elle devenir une « drogue » ?
La question se pose alors : peut-on être « drogué » à la colère ? La réponse semble être affirmative. Lorsque le cerveau s’habitue à la libération de ces substances chimiques en réponse à la colère, il peut commencer à rechercher ces sensations, créant ainsi un cycle vicieux. Les individus peuvent inconsciemment chercher ou créer des situations qui déclenchent leur colère pour ressentir cet afflux de neurotransmetteurs.
Les individus recherchent des situations qui vont les mettre en colère. Leurs perceptions des évènements peuvent aussi être biaisées. Au lieu de considérer comme normale de croiser le regard d’une autre personne, ils prennent cet acte comme une agression.
De plus, l’exposition constante à des stimuli qui provoquent la colère, comme certaines représentations médiatiques ou des interactions sociales conflictuelles, peut renforcer ce cycle. En quelque sorte, ces personnes « nourrissent » leur cerveau avec des éléments qui déclenchent leur colère, de la même manière qu’une personne dépendante d’une substance cherche à consommer cette substance pour obtenir son « fix ».
On peut comparer ce phénomène à celui des sportifs de l’extrême, qui, en pratiquant leur sport, cherchent à déclencher en eux la libération de différentes hormones provoquant en eux du plaisir et de l’excitation (marathon, saut en parachute, sports automobiles, etc.).
Conclusion
La colère, lorsqu’elle devient une réaction habituelle et disproportionnée, peut s’apparenter à une forme de dépendance. Les mécanismes biologiques sous-jacents, impliquant la libération de certaines hormones et neurotransmetteurs, jouent un rôle clé dans cette dynamique. Comme pour toute dépendance, la prise de conscience et la gestion adaptée de cette émotion sont essentielles pour briser le cycle et retrouver un équilibre émotionnel. Personne ne doit oublier que les êtres humains conservent toujours le pouvoir sur leur vie, y compris sur leur vie émotionnelle.
Références :
Van Erp, A. M. M., & Miczek, K. A. (2000). Aggressive Behavior, Increased Accumbal Dopamine, and Decreased Cortical Serotonin in Rats. Journal of Neuroscience. 20(24). 9320-9325.
Badgaiyan, R. D., Fischman, A. J., & Alpert, N. M. (2009). Dopamine release during human emotional processing. Neuroimage. Oct 1. 47(4). 2041–2045.
Van Erp, A. M. M., & Miczek, K. A. (2000). The Role Of Dopamine In Violent Behavior And Aggression. J Neurosci. Dec 15. 20(24). 9320–9325.
Auteur : Dr Emeric Lebreton, cofondateur et dirigeant du groupe ORIENTACTION (21/11/2023)
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