Trois hommes avaient pour rêve d’escalader le plus haut sommet du monde. Aussi, ils se rendirent dans l’Himalaya au pied du mont Everest. Ils étaient parfaitement préparés, extrêmement bien entraînés, équipés du matériel le plus moderne et accompagnés des meilleurs Sherpas. Les trois hommes étaient tout excités à l’idée de réaliser leur rêve. Ils commencèrent à monter allègrement vers le sommet blanc de neige qui se dessinait clairement dans le ciel bleu.
Les premiers jours se passèrent très bien. Il faisait un temps splendide et ils n’étaient pas à une altitude très élevée. Lorsqu’on gravit l’Everest, les difficultés augmentent à mesure que l’on approche du sommet, car l’oxygène se raréfie, la température descend et le vent forcit. Au bout du septième jour, ils parvinrent à un camp d’altitude situé à seulement mille mètres du sommet. Ils pressentaient, malgré la fatigue, qu’ils allaient atteindre leur but. Leur cœur était empli de joie et d’espoir.
Le lendemain, à l’aube, ils commencèrent l’ascension. Tout allait bien, mais vers midi le vent du nord se leva. À cette altitude, le vent était glacial. Plus ils montaient et plus cela devenait difficile. L’un des hommes, le plus prudent des trois, proposa de redescendre, ce qu’accepta le second, bien que de nature plus téméraire, mais qui présageait une forte tempête. Le premier, quant à lui, voulait réussir le jour même ; il déclina donc leur proposition et poursuivit son chemin dans le vent et la neige.
Les deux hommes redescendirent au camp et attendirent la fin de la tempête qui fut terrible. Deux jours plus tard, le beau temps était revenu. Ils reprirent donc leur ascension. C’était leur dernière chance de réussir, car la saison pour escalader l’Everest devait se terminer le lendemain. Ensuite débutait la saison des pluies qui rendait l’ascension impossible. Ils commencèrent leur ascension normalement, mais à nouveau, aux alentours de midi, le vent du nord se leva et un brouillard épais tomba sur la montagne.
Le troisième homme (le plus prudent) proposa au deuxième de redescendre. Mais cette fois-là, le deuxième homme, voyant son rêve lui échapper, déclina sa proposition. Et il poursuivit son chemin dans le brouillard pendant que le troisième homme redescendait jusque dans la vallée. Ce dernier était triste, car il savait qu’il ne pourrait pas réessayer de gravir cette montagne avant longtemps. Car c’était un très long voyage qui coûtait fort cher et il n’avait pas suffisamment d’argent.
Aussi rentra-t-il dans son pays, travailla dur et économisa. Cinq longues années passèrent avant qu’il ne revienne sur les pentes de l’Himalaya. Son rêve ne l’avait pas quitté. Et cette fois-ci, l’ascension fut difficile, car il était plus âgé et avait moins de forces qu’auparavant, mais grâce à l’aide de son sherpa, il parvint jusqu’au point où il s’était arrêté cinq ans plus tôt. Le lendemain, on annonçait une tempête et il eut peur de devoir à nouveau redescendre. Mais fort heureusement, lorsqu’il se réveilla à l’aube, il faisait très beau.
Il grimpa le long d’une centaine de mètres et tomba sur un premier cadavre. Il s’agissait de l’un de ses amis qui l’avaient accompagné lors de sa première ascension. Il était mort de froid. Il monta encore et tomba sur le cadavre du deuxième homme qui était mort, gelé lui aussi. Cette vision le fit beaucoup réfléchir sur le sens de la vie. Quand il atteignit le sommet et réalisa enfin son rêve, il se dit : « Si les difficultés deviennent trop grandes, apprends à patienter. Si elles deviennent plus grandes encore, apprends à renoncer. Mais n’abandonne jamais ton rêve, car un jour il se réalisera ! »
À quoi ressemblerait le monde si des visionnaires un peu fous n’avaient pas tout mis en œuvre pour réaliser leurs rêves ? Qu’on pense à Copernic, à Newton, à Einstein ou plus récemment… à Steve Jobs. Si la vie n’est pas sans risques, elle n’en est pas moins unique : il n’y a donc aucun courage à l’exposer inutilement au danger. Elle est notre bien le plus précieux et aucune cause ne mérite qu’on la lui sacrifie. Rappelons-nous la maxime d’Eschyle : « La mesure est le bien suprême. »
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