Un jour, un bon père de famille décida d’enseigner à son fils une leçon de vie.
Au petit matin, père et fils quittèrent le luxueux appartement familial, attrapèrent le bus municipal en direction de la Gare du Nord et sautèrent dans le train. Ce voyage, que le père voulait pédagogique, devait être l’occasion pour le fils de voir comment vivent les gens pauvres et d’ainsi prendre conscience de son statut de petit bourgeois privilégié.
Arrivés à destination, ils marchèrent à travers champs de longues minutes jusqu’au premier village voisin. Ils y passèrent trois jours et logèrent comme on dit « chez l’habitant », en l’occurrence une famille modeste et désargentée qui consentit à les héberger moyennant une maigre contribution.
Dans le train du retour, le père, convaincu d’avoir accompli une mission éducative majeure, demanda à son fils : « Ce voyage t’a-t-il plu ? Que vas-tu retenir de notre séjour chez ces braves gens ? »
Le fils répondit : « Oui, ça m’a plu, papa, mais j’ai remarqué qu’ils avaient quatre chiens et cinq chats… alors que nous, nous n’avons qu’un seul chien !
Et aussi, qu’est-ce qu’elle est petite notre piscine comparée à leur grand lac qui semble interminable !
Et notre lotissement, tu as vu comme il est petit notre lotissement, papa, par rapport à leurs vastes champs qui s’étendent à perte de vue ?
Et tu as vu, papa, ils n’ont même pas de domestiques ! C’est normal, ils n’en ont pas besoin puisque chez eux tous les membres de la famille s’entraident.
J’ai remarqué aussi qu’il n’y a pas de supermarché dans leur village : mais d’ailleurs, à quoi bon un supermarché, puisqu’ils ont des fruits et des légumes qui poussent à foison juste devant chez eux ! »
Le père, bouche bée, ne pipa mot.
Et son fils de conclure : « Merci, papa, de m’avoir montré à quel point nous sommes pauvres ! »
« N’oublie pas l’essentiel », nous chuchote cette histoire. À une époque où les biens de consommation envahissent le monde et notre quotidien, rappelons-nous que le bonheur ne dépend pas du nombre ou du volume de choses que l’on a pu acquérir. Avec peu on peut avoir beaucoup, il suffit juste de déplacer le curseur et privilégier les valeurs humaines, universelles et intemporelles. En une phrase, cultivons « l’être » qui rapproche, plutôt que « l’avoir » qui nous sépare et nous isole.
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